Pragmatique

adjectif adjectif ,adverbe


Le mot pragmatique nous vient du latin “pragmaticus” qui signifie « relatif aux affaires », et du grec prâgma (« événement, chose, affaire »). Il peut être employé comme adjectif ou comme nom commun. Son usage en français est attesté vers 1440. On l’utilise dans le langage courant, mais c’est aussi une notion particulière en histoire et une théorie féconde en philosophie et en linguistique.

Le premier usage du mot « pragmatique » apparaît dans le droit romain. Il est alors employé comme adjectif dans la locution « pragmatique sanction ». Son sens retranscrit bien l’étymologie « affaire ». En effet, à l’origine, cela désigne, à partir de Constantin et en Orient, des écrits qui faisaient l’objet d’une expédition particulière et très solennelle. Par la suite, en matière ecclésiastique, une « pragmatique sanction » correspondra à un règlement établi. Par extension, on peut trouver ce terme en matière d’histoire politique, où il définit un acte ou un édit d’un souverain concernant les affaires religieuses de son pays. Ainsi le célèbre historien François Guizot rapporte dans son ouvrage Histoire de la civilisation en France la genèse de la « pragmatique » de l’Empereur Charles VII qui, en 1438, consacra « l’élection des évêques, la suppression des annates et la réforme des principaux abus introduits dans l’Église.» On notera l’usage du terme sous la forme substantive qui apparaît vers 1561. Enfin, la pragmatique peut aussi désigner dans certains pays un règlement fondateur et définitif adopté par un chef d’État même s’il ne concerne pas les affaires ecclésiastiques.

Voyons maintenant le sens courant du mot pragmatique, qui nous vient du XIX ème siècle. En effet, en 1842, le terme commence à être usité en tant qu’adjectif pour qualifier une posture d’étude qui est directement orientée vers l’observation du réel, des actions ou des comportements. Il est alors un antonyme de “spéculatif” ou de “théorique”. On a pu ainsi parler à l’époque « d’histoire pragmatique », soulignant par là que la discipline permettait de tirer des conclusions pratiques immédiates en éclairant l’avenir par les faits du passé. Cet usage du mot pour qualifier des approches épistémologiques est désormais vieilli.
Au cours du XXème siècle, l’utilisation du mot s’étend aux personnes : un individu pragmatique agit en s’attachant plus à l’action et à sa réussite, en dehors de toutes considérations idéologiques ou théoriques. Son esprit est résolument tourné vers le concret. Dès lors, ce qualificatif implique un jugement sous-jacent sur les comportements. Et par conséquent, il prendra parfois une connotation négative voire péjorative.

Si, au départ, le terme qualifie des écrits, des comportemetns, on a vu qu’ensuite il s’applique aussi aux personnes. C’est à la philosophie que l’on doit ce glissement sémantique. Dans cette discipline, on retrouve en effet le « pragmatisme ». Initiée par Charles S. Peirce, c’est une perspective qui bouleverse l’approche traditionnelle philosophique, celle préconisée par Platon, sur la recherche d’une vérité préexistante à l’individu. Pour les pragmatiques, la vérité n’existe pas à priori mais se révèle par l’expérience. De même les idées n’ont aucun sens en dehors de leurs implications pratiques. Au début, le pragmatisme est une philosophie qui s’applique seulement à la connaissance mais elle s’attache ensuit,e à l’initiative de W.James et de J. Dewey, à la société en général. Selon ces deux penseurs, il est vain de rechercher des principes universels d’action : les conséquences observées sont seules juges de la valeur des actes. Ainsi en politique, ils soutiennent qu’il n’y a pas de régime politique idéal, et qu’il est même dangereux pour les libertés d’imposer un projet idéologique au peuple. Seule la négociation toujours renouvelée entre les individus et l’adaptation au contexte permettent une organisation sociale convenable et utile à tous. En matière d’éducation, ils banniront la transmission d’un savoir dogmatique et défendront la pédagogie basée sur l’expérience : apprendre c’est découvrir par soi-même et chaque nouvel apprentissage est susceptible de remettre en cause ceux précédemment acquis.

C’est ainsi que pour le sens commun, «pragmatique» est devenu le qualificatif désignant une opinion tenue ou une action réalisée par une personne mettant en œuvre, et parfois sans le savoir, le pragmatisme. D’ailleurs la psychologie reprend également cette acception en parlant d’une « action pragmatique » si cette dernière est ordonnée à un but, menée à bien et productrice de résultats.

Nous avons vu que « pragmatique » s’utilise majoritairement comme un adjectif. Mais on peut également rencontrer ce terme sous la forme substantive dans le domaine de la linguistique. Cette branche est née aux XIX ème siècle aux États-Unis. La pragmatique correspond alors à l’étude du langage du point de vue des usagers. Il s’agit de comprendre le fonctionnement réel de la langue, en partant de son usage en situation. Les tenants de l’approche pragmatique tentent de répondre aux questions suivantes : Que fait-on lorsqu’on parle ? ; Quel est l’effet du langage sur celui qui parle et sur celui qui écoute ? ; Quels sont les buts visés par un locuteur ? Ils mettent en relief les notions d’implicite et d’inférence dans le discours. Selon le paradigme pragmatique le plus connue, le choix des mots a toute son importance dans une situation , car derrière les mots se cachent une signification, une interprétation propre à chaque individu qui reçoit l’information. De plus, tout énoncé serait porteur d’intentions de la part de l’émetteur et en particulier celle de faire ou de faire faire quelque chose. D’où la célèbre phrase du philosophe et linguiste John Austin : « Quand dire, c’est faire ».
Parler, ce serait donc agir sur le contexte, mais d’autres auteurs pensent que ce que nous disons dépend d’abord de paramètres extérieurs et contextuels. La pragmatique a donné lieux à de multiples courants, et a irriguée le champ plus large des sciences humaines : théories de la communication, psychologie, sociologie…Son application la plus visible aujourd’hui se trouve peut être dans les stratégies de communication mises en œuvre par les hommes politiques.





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