Diligence

substantif féminin


Étymologiquement, ce nom féminin nous vient du latin diligentia qui signifie rapidité, attention.
Il apparaît en France au cours du 13ème siècle et prend alors le sens de soin, minutie. Par la suite, diligence va devenir polysémique et s’employer dans des contextes et des domaines aussi divers que la religion, la justice ou la technique.

Aujourd’hui certains emplois du mot « diligence » sont rares et vieillis. Ainsi en va-t-il de l’acception originelle du vocable, c’est à dire le degré d’attention dont les gens en général font preuve à l’égard de préoccupations. C’est la notion d’exactitude et de vigilance dans l’exécution d’une tâche qui prévaut, soit tout le contraire de la négligence. On fait « acte de diligence », on marque que l’on s’est mis en devoir de faire quelque chose. Vers 1845, cette acception de diligence se retrouve dans le domaine de l’enseignement religieux. C’est alors un exercice, une synthèse de la leçon du prêtre que font les jeunes élèves les plus soigneux. Par extension, il désignera ensuite dans l’enseignement public un devoir fait sans que le professeur ne le demande, du bon gré de l’élève.

Dès 1489, ce sens premier d’application au travail décroit au profit de celui de promptitude d’action. C’est l’idée de vitesse qui prend le dessus. On commence à utiliser les locutions adverbiales « en diligence » ou « en toute diligence » qui veulent dire le plus rapidement possible, avec hâte et empressement. On trouve aussi « faire diligence »,« faire grande diligence » ou « travailler avec diligence », synonymes de « se hâter ».

Évidemment, ce mot nous évoque immédiatement le Far West, Lucky Luke et les attaques de diligence, le supplice du goudron et des plumes. Et c’est bien à cause de la notion de rapidité attachée à ce mot qu’il en vient à être utilisé dans le domaine des techniques dès 1680. Au départ, on parle de « carrosse de diligence » , de « coche de diligence » ou de « cheval de diligence » pour marquer l’évolution des transports en terme de vitesse. Peu à peu, le terme de « diligence » passe dans le langage commun pour désigner à lui seul le véhicule qui sert au transport public des voyageurs. Mais il faut attendre le début du 19ème siècle pour voir naître les diligences américaines de l’imaginaire populaire, ces véhicules hippomobiles crées par l’américain Downing, fermés, à quatre roues, divisés en deux ou trois compartiments et leur précieux coffre rempli d’or convoité par les bandits de grand chemin. Peu à peu, aux États-Unis, les liaisons routières se structurent et les plus aisés « diligencent », voyagent, à raison de 15 à 50 miles par jour. Les stations postales se développent en même temps et on dit d’une lettre qu’elle a « fait grande diligence » si elle arrive rapidement.

Le terme de diligence désigne donc une grande voiture publique qui part à des jours et à des heures fixes, et qui ordinairement va vite. A noter qu’il était autrefois également employé pour désigner des bateaux répondant aux mêmes critères.
Le mot va continuer à accompagner la révolution des transports et s’appliquer ensuite au chemin de fer. On nommera diligences des wagons de première classe dès 1857.
Enfin, en référence aux routes chaotiques de l’ouest américain, dans le langage imagé et familier, on dira d’un homme très-lent dans ce qu’il fait, que c’est la “diligence embourbée”.

Il ne vous a pas échappé que nous vivons en ce moment une véritable révolution dans le domaine du transport de l’information et des techniques de la communication. C’est dans ce contexte que “diligence” réapparaît dans la sphère de la sociologie et de l’histoire des technologies. Développée par Jacques Perriault, la théorie d’effet diligence sous entend qu’au départ, on se sert des innovations techniques avec d’anciens protocoles d’usages, ce qui nous permet ensuite de les accepter et d’utiliser tout leur potentiel. Le sociologue emprunte cette image au chemin de fer, puisque, nous l’avons vu, les premiers wagons des trains ont emprunté leur physionomie et leur dénomination aux diligences, leurs ancêtres.
Un exemple plus contemporain illustre bien son argumentation : sur les bancs d’école, nos chers bambins ne se trouvent plus désormais face à un tableau noir sur lequel un instituteur fait crisser une craie blanche mais devant un tableau numérique interactif. Sauf qu’au début, les utilisations pédagogiques du TNI sont restées timides et ancrées dans les pratiques anciennes : on substituait le stylet à la craie. Un peu cher payé, tout de même ! Peu à peu, les enseignants les plus téméraires ont eu recours aux applications nouvelles de ces tableaux : projection immédiate des travaux d’élèves, correction en temps réel, rédaction collective du cours…L’effet diligence indique un risque, celui du rejet de l’innovation au profit du maintien des vieilles habitudes. Conservatisme, quand tu nous tiens…

Allons voir maintenant du côté du droit. C’est vers 1690 que le mot diligence fait irruption dans le domaine juridique. A l’époque, il est synonyme de poursuite, de requête de procédure contre une personne. En 1804 apparaît dans le Code Civil l’expression « à la diligence de » qui signifie sur la demande d’un tiers.
De nos jours, on l’emploie aussi concernant les avocats. L’honoraire de “diligence” est une partie de la rémunération des prestations de l’avocat. En général, il est déterminé comme suit : une partie sur la base d’un coût horaire qui correspond au “temps passé” et une autre partie forfaitaire qui rémunère la plaidoirie.
Enfin, en droit des affaires, on parle de « diligence raisonnable ». Rien à voir avec un transport de marchandises. On revient ici au sens premier du mot. Il s’agit de l’ensemble des précautions à prendre et des vérifications à faire par un acquéreur ou un investisseur avant une transaction afin de se faire une idée précise de la situation d’une entreprise. Cela nous vient du concept anglo-saxon de « due diligence ». Ce principe de précaution implique jugement, soin, prudence, et fermeté d’action. Nul n’est censé ignorer la loi et nul n’est censé ignorer les risques qu’il peut encourir…
Alors faites donc preuve de diligence en affaires, sinon vous risquez d’y laisser quelques plumes à l’instar des Dalton…





Bled Tout-en-un (12,90 €)

Fini les doutes en français !
Avec le Bled Tout-en-un, vous aurez toutes les règles et astuces nécessaires à portée de main. Améliorez vos compétences en grammaire et orthographe dès maintenant.


Recherche


Bled Tout-en-un (12,90 €)

Un français impeccable à portée de main
Le Bled Tout-en-un : la référence ultime pour éviter les pièges de la langue française. Commandez-le aujourd'hui !