Éclectique

adjectif


Étymologiquement, ce terme est emprunté au grec « eklegein », un dérivé du verbe choisir signifiant qui exerce un choix sélectif. Il apparaît dans le vocabulaire français en 1651 pour nommer certains philosophes anciens de l’antiquité hellénique. Par la suite, il entrera dans le langage commun en 1832 pour désigner toute personne qui n’est pas exclusive dans ses goûts ou une chose qui offre une grande variété de tendances. On lui attribue comme synonyme divers ou varié, tandis que ses antonymes sont fanatique, sectaire, exclusif ou absolu. Appliqué à l’art ou aux sciences humaines, il démontre une volonté de synthèse de différents courants afin d’approcher un idéal.

Ce mot apparaît donc dans la sphère philosophique. Appliqué à une chose abstraite, il désigne une méthode ou une école de philosophes qui empruntaient des éléments de leur théorie à différentes doctrines. En particulier, on cite l’école néoplatonicienne de Potamon d’Alexandrie au IIIème siècle avant Jésus-Christ qui tenta de concilier les arguments de Platon et d’Aristote pour retenir ce qui paraissait le plus vraisemblable et le plus positif dans chacun, et les fondre en un nouveau système cohérent.
Lorsqu’éclectique est employé pour une personne, il s’agit alors de l’individu qui suit cette méthode intellectuelle
Plus tard, au cours du XIXème siècle, Victor Cousin reprendra cette approche en la transposant à son école d’histoire philosophique : « Ce que je recommande, c’est cet éclectisme éclairé qui, jugeant avec équité et même avec bienveillance toutes les doctrines, leur emprunte ce qu’elles ont de commun et de vrai, néglige ce qu’elles ont d’opposé et de faux. »
Les éclectiques n’ont alors pas vraiment bonne presse : on leur reproche de faire des synthèses grossières et peu rigoureuses d’un point de vue intellectuel, dénaturant les concepts fondateurs des principales théories auxquelles ils font des emprunts et faisant des liaisons approximatives entre eux.

C’est pourquoi lorsque le vocable passe dans le langage commun au cours du XIXème siècle, il peut parfois prendre une teinte péjorative. Une opinion éclectique est fabriquée à partir d’éléments divers parfois opposés. Une personne éclectique aime différentes choses en matière de politique, de littérature, d’arts, de religion, ou de personnes et refuse tout choix exclusif. On peut y voir aussi bien une grande ouverture d’esprit qu’une incapacité au jugement, une complaisance et une tendance à « retourner sa veste ». Ainsi pour Charles Baudelaire : «   Quelque habile que soit un éclectique, c’est un homme faible; car c’est un homme sans amour. Il n’a donc pas d’idéal, il n’a pas de parti pris; – ni étoile ni boussole. Un éclectique est un navire qui voudrait marcher avec quatre vents. »
Son contemporain Honoré de Balzac lui est totalement opposé : il se revendique de l’éclectisme littéraire qui selon lui est une recherche de la perfection en littérature .Dans ses romans, il tente ainsi de mélanger des procédés contraires : lyrisme et action, drame et ode, représentation des images et des idées, de l’idée dans l’image, mouvement et rêverie…A chacun de juger si ces essais de synthèse sont réussis ou non…

En matière d’art, l’éclectisme a été pratiqué de tout temps, mais spécialement au cours du XIXeme siècle en Europe, que ce soit en peinture, en sculpture ou en architecture. Dans ce dernier domaine, en effet, on observe au cours de cette période sur le plan stylistique le retour de formes et de mouvements architecturaux antérieurs. Il y a une volonté de la part des artistes de se démarquer de l’académisme dominant. Les tendances néo-classique, néo-romane, néo-gothique, néo-renaissance, néo-byzantine ou encore néo-baroque apparaissent alors à des degrés divers, dans la forme des architectures ou dans certains détails architectoniques. On reparle alors d’éclectisme, voire de style beaux arts. Outre la diversité, le style éclectique se définit également par la profusion de détails : balustrades, colonnes, guirlandes, statues, pilastres entre portes et fenêtres, grands escaliers et grandes arches, décors fastueux…Voici quelques exemples de constructions architecturales parisiennes éclectiques :
La basilique du Sacré Cœur à Montmartre réalisée par Paul Abadie en 1875 mêle le style néo-roman et l’art néo-byzantin. De même, l’Opéra Garnier a été pensé par son architecte comme un bâtiment mosaïque du point de vue des références théoriques : façade spectaculaire emblématique du style Napoléon III, extérieur parsemé de rappels néo-baroques, tandis que l’intérieur est marquée par la Renaissance et le classicisme
On le voit, l’art éclectique mélange tous les éléments des styles précédents, et en grand nombre, mais sans rien inventer de réellement nouveau, et c’est là une critique majeure qui lui sera adressée.

Il est un domaine dans lequel l’éclectisme fait un retour ces trente dernières années : la psychothérapie. Il ne s’agit là encore, pas d’ une nouvelle technique, mais d’ une nouvelle manière de concevoir la pratique. Ce mouvement est né aux États-Unis et vise à synthétiser les apports des différentes orientations thérapeutiques existantes : psychanalyse, thérapie cognitivo-comportementale, Gestalttherapie, thérapie systémique familiale… On choisira la ou les techniques appropriées en fonction du patient et de son cas précis, en vue d’optimiser l’efficacité de l’intervention psychothérapeutique. Autrement dit, on essaie différents procédés, et sera jugé bon et adopté celui qui marche ! Dans cette perspective, l’éclectisme se rapproche du pragamatisme et de l’utilitarisme : on s’appuie sur l’expérience , sur les effets constatés et la recherche du bonheur, au détriment des règles préexistantes, théoriques ou morales.
En bref, l’éclectisme fait toujours débat ! L’éclectique est-il un fabuleux visionnaire qui fabrique à partir de différents matériaux une œuvre nouvelle qui par sa variété même incarne la perfection ou au contraire un sombre bricoleur, un copieur n’ayant aucun sens esthétique et peu d’entendement ? N’y a t-il pas en chacun d’entre nous une part d’éclectisme ? Qui peut prétendre en effet à l’unicité et à la permanence de ses choix, de ses idées ou de ses goûts ?





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